Murakami Kay • Amnesia

C’est le 10 mai 1988 que l’histoire de Murakami Kay commence, fruit de l’amour d’une mère coréenne et d’un père japonais. Il naquit dans une famille de politiciens japonais ses parents étant tous deux dans cette fonction mais ils étaient quand même présents pour lui, il s’en souvient comme étant des personnes aimantes. Il se souvient, également de ce petit rayon de soleil qui est né deux années après lui mais il ne peut pas dire son nom, il n’arrive pas à se souvenir ni du prénom d’Emi ni de son visage qu’il appréciait observer.
Il se souvient qu’étant l’aîné de cette fratrie de deux enfants, il dut étudier dans l’optique de reprendre les rênes un jour. Il a pris sur lui et a toujours étudié au mieux pour ne décevoir personne parce que ses parents comptaient sur lui, parce que sa petite-sœur le soutenait et c’était surtout le soutient de cette dernière qui l’aidait à faire au mieux.

Il se souvient ne pas en avoir voulu à sa cadette d’être la plus jeune même si parfois il l’enviait parce qu’avec ses études, il ne pouvait pas toujours s’adonner à ses autres passions comme la musique ou l’informatique. Cette envie de pouvoir accorder plus de temps à ce qu’il aime, il ne l’a jamais confié à personne, du moins, il n’en a pas ce souvenir.
Il se souvient qu’au collège ainsi qu’au lycée tout se passait bien. De part son statut social mais aussi son visage assez beau, il fut assez populaire, il eut des copines mais aucune ne pouvait prendre, dans son cœur, la place que prenait sa sœur. Il a passé de bonnes années là-bas mais tout finit par basculer. Sa vie prit un nouveau tournant qui a fait ce qu’il est devenu.

Il a oublié. Il ne se souvient pas de ses parents si aimants qui sont devenus si distants. De ces journées entières passées sans pouvoir ni allumer la télévision, ni pouvoir sortir sans entendre parler de la crise économique qui touchait le Japon. Qui touchait le monde. Il perdait peu à peu ses amis, se retrouvait seul avec sa sœur et pouvait de moins en moins aller en cours à cause des circonstances. Leur famille était pointée du doigt à cause de la crise, ils avaient même envisagé de déménager en Corée, le pays natal de madame Murakami… Mais ils n’eurent pas le temps. Ils ne purent fuir.
Il a oublié. Il ne se souvient pas de ces personnes en colères qui attendaient devant leur maison. De l’angoisse qu’il a pu avoir en pensant à Emi, à comment elle pouvait vire cela mais ce qui lui faisait le plus peur était qu’il puisse lui arriver quelque chose. Pour lui, personne n’avait le droit de toucher son rayon de soleil, surtout si c’était pour lui faire du mal, il ne l’acceptait pas et ne l’accepterait jamais.

Il a oublié. Il ne se souvient pas de ce mois en ermite, à rester cloitrer avec sa famille. De cette nuit où il a entendu du bruit dans la maison et est allé réveiller Emi parce qu’il savait que ce bruit était tout sauf rassurant. Il savait qu’avec lui, le danger arriver alors le plus discrètement possible, il avait été la voir, il l’avait supplié d’ouvrir ses yeux, de se réveiller. Ce fut à ce moment que les cris de leur mère retentirent dans la maison avant qu’un grand silence s’y abatte. Un silence lourd. Un silence de mort et Kay fit lever Emi pour qu’ils sortent de la maison.
Il a oublié. Il ne se souvient pas de la fumée qui a envahi leurs poumons lorsqu’il a ouvert la porte de la chambre. Cette fumée épaisse et noire qui provenait de ce feu qui se trouvait non loin d’eux et qui ne voulait qu’une chose : tout ravager sur son passage. Aussi bien les murs que les tableaux ou encore les statuettes ainsi que tous les humains qui se trouverait sur son passage. Kay se hâta pour sortir en compagnie de sa sœur, ils y étaient presque, tous deux auraient pu en sortir indemne mais ça ne se passa pas ainsi. Emi a lâché sa main pour courir en direction de son père, pour le protéger. Kay lui hurlait de revenir, de ne pas faire ça. Le feu a continué de se propager, a détruit les poutres. Emi ne bougeait pas pour continuer de protéger leur père. Les poutres au-dessus d’elle ont cédé. Kay s’est jeté sur elle pour la protéger. Emi fut sauve mais sa jambe fut endommagée.

Il a oublié. Il ne se souvient pas d’avoir fait barrière avec son corps pour la protéger de ces hommes, pour la protéger de cette vision horrible qu’était de voir leur père abattu d’une balle dans la tête. Ces mêmes hommes qui avaient troublé leur tranquillité et qui n’avaient pas hésité à donner des coups à Kay avant de se concentrer sur leur géniteur.
Il a oublié. Il ne se souvient pas de son sang qui a commencé à couler sur Emi qui a repris conscience à ce moment. Il lui avait alors ordonné de s’enfuir, il s’était redressé pour la laisser partir en lui promettant de la retrouver à l’extérieur.

Il a oublié. Il ne se souvient pas que cette promesse il ne put jamais la tenir.

Il a oublié. Il ne se souvient pas qu’à partir de ce jour, un nouveau monde s’est offert à lui.

Ce monde, Kay l’a connu reprenant conscience lorsqu’une jeune femme est venue lui porter secours. Sa vie, il s’en fichait, il voulait juste savoir ce qu’était devenu… Il ne savait plus mais il voulait des nouvelles de quelqu’un. Sa mère ? Son père ? Sa sœur ? Sa femme ? Ses enfants ? Son animal de compagnie ? Il ne savait plus qui il était. Il ne put se poser plus de question parce que, quelques temps après avoir entendu du monde s’agiter autour de lui, il perdit connaissance.
Ce monde de la vie, il a faillit le quitter mais il s’y est finalement accroché et c’est sur une île différente du japon qu’il a retrouvé conscience. L’île de Gensou. Là-bas, une jeune femme s’occupa de lui. Oh Yeon Ju. Ce fut le premier prénom qu’il retint, ce fut le premier visage qu’il croisa et c’est peut-être pour cela qu’il lui reste en mémoire, qu’il s’est mis à l’apprécier. Elle était belle, elle était douce, elle était attentionnée, elle était son repère dans ce monde.

Ce monde, pour lui, était vide de souvenirs. Il se rappelait juste de son identité grâce à Yeon Ju, il savait aussi qu’il avait une sœur mais il ne savait plus son prénom ni à quoi elle pouvait ressembler. Il se souvenait aussi de son amour pour la guitare et de sa passion pour l’informatique alors quand il a pu sortir de l’hôpital il eut droit à une aide pour se loger et reprendre ses études. Cette aide, il la remboursa petit à petit à partir du moment où il toucha son premier salaire.
Ce monde dans lequel il vit désormais, il a un travail, un chez lui dans lequel il vit avec son chat Haru. Il n’a personnes d’autres que ses nouveaux amis à aimer. Il n’a personnes d’autres que ses nouveaux ennemis à détester. Il n’a plus de famille à ses côtés. Sa sauveuse a disparu de sa vie la veille de sa sortie de l’hôpital. Sa priorité n’est pas de retrouver sa sœur ou ses souvenirs mais de retrouver Yeon Ju parce qu’il a besoin d’elle dan ce monde.

Ce monde est noir. Ce monde est rempli d’incohérence, de disfonctionnement et de pertes. Ce monde personne ne devrait le connaître. L’oubli de soi, l’oubli des autres, l’oubli en lui seul est quelque chose de cruel à vivre. En essayant de se rappeler qui il est, il se heurte toujours à ce mur, il se confronte toujours à ce noir similaire au néant et pourtant… Pourtant, avant cela, sa vie ainsi que ses souvenirs étaient clairs, tout était simple et sans une ombre au tableau mais il a fallu que cela change. Il a fallu que ces ténèbres l’emportent dans sa chute.

Entre oubli et souvenirs il n’y a qu’un pas à franchir. Un pas et plusieurs étapes et seul l’avenir dira si Kay est près ou non à se souvenir de son passé. Ce qui est sur c’est que même s’il profite de la vie, il n’est pas heureux mais il croit au bonheur et il sait qu’un jour il pourrait être pleinement heureux.